mardi 13 mai 2008

"Un homme un vrai", Tom Wolfe

Un roman de Tom Wolfe, c'est toujours un peu impressionnant au premier abord : ça fait au bas mot 850 pages, c'est lourd comme un discours de Christine Boutin sur le droit de vote des embryons, c'est plein de couleurs vives avec "Tom Wolfe" écrit en très gros (Burk ! Le bon goût des américains...). Mais en réalité, ses romans sont très accessibles, très prenants.

On a l'impression que Tom Wolfe écrit depuis toujours des romans, alors qu'il n'en a écrit que trois et demi. "Un homme, un vrai" (1998) est son second, précédé de "Le bûcher des vanités"(1987), adapté au cinéma par Brian De Palmas, et suivi par "Moi, Charlotte Simmons" (2004). Et le demi : "Embuscade à Fort Bragg" en 1999 : plus une grande nouvelle qu'un vrai roman. Pas énorme pour un auteur de 77 ans. Mais avant de devenir romancier, Tom Wolfe a été un journaliste majeur. D'abord au Washington Post , puis au New-york Herald-Tribune. Il a publié plusieurs travaux, essais et documents. Parmi les plus connus : "Acid test", "Le gauchisme de Park Avenue" et "L'étoffe des héros", adapté au cinéma.



Sa prose se ressent de son esprit journalistique. La sortie de ce deuxième roman lui a d'ailleurs valu des critiques assez féroces de John Updike, Norman, Mailer et de John Irving. Il faut reconnaître que son « style » n'est pas flamboyant. C'est assez rigoureux, presque scolaire mais non dénué par moment d'une petite pointe d'humour. Autre caractéristique de ses romans : il rentre tellement dans les détails et prépare tellement précisément les évènements à venir qu'on les devine avant qu'ils n'arrivent. Mais le vrai talent de Tom Wolfe n'est pas là.


Dans "Un homme, un vrai", Tom Wolfe dépeint avec méticulosité la société d'Atlanta aux États-Unis, au travers des conflits sociaux, culturels et surtout racistes de cette ville du sud. Avec les destins de plusieurs personnages aux univers différents mais qui dont les chemins vont se croiser. C'est une constante dans tous ses romans : des histoires de personnages racontées tour à tour chapitre par chapitre et puis les destins qui se mêlent et qui inter-opèrent entre eux.

C'est là que son passé de journaliste joue en plein. Atlanta est décryptée, décomposée, expliquée. On dirait que Tom Wolfe, New-yorkais pur est dur, a toujours vécu à Atlanta tellement il semble en connaitre structure et la moelle. Le travail de recherche et de documentation est impressionnant et l'on comprend le temps mis par Tom Wolfe pour écrire chacun de ses romans. Le public, lui, a toujours suivi, et "Un homme, un vrai" est encore un énorme succès d'édition. Il se dit que pour la sortie de son quatrième roman, à paraitre en 2009 aux États-unis, Tom Wolfe touchera un chèque de 7 millions de dollars...

Au final, un roman assez prenant avec quelques longueurs. A recommander à ceux qui aiment les livres longs, biens documentés et très ancrés dans la réalité. J'ai toutefois préféré "Moi, Charlotte Simmons", à mon avis un peu plus littéraire, toujours aussi documenté, encore plus long (plus de 1000 pages) et plus cynique.

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