dimanche 8 février 2009

"L'oeil du silence", de Marc Lambron.

Ça m'apprendra à ne pas me renseigner sur un livre avant de l'acheter. Si j'avais lu que "L'oeil du silence" était une biographie romancée de Lee Miller, je me serais peut être méfié. Les biographies, ce n'est pas vraiment ma tasse de thé. Par contre, je n'ai rien contre Marc Lambron en particulier, j'avais même plutôt bien aimé son roman "Etrangers dans la nuit". Mais "L'oeil du silence" est un exemple presque parfait de ce que j'appelle l'auto-branlage-de-nouilles d'une certaine littérature française.

Quelques mots sur l'histoire. Un étudiant français est amené à faire la traduction des mémoires d'un journaliste américain à la fin de la deuxième guerre mondiale. Le journaliste, David Sherman est chargé par le magazine Life de couvrir la libération de Paris en 1944. A Paris il rencontre Lee Miller, mannequin et photographe pour le magazine Vogue. Ils vont tomber amoureux l'un de l'autre et convaincre leurs magazines respectifs de partir couvir ensemble l'avancées des forces américaines en direction de Berlin.



Tous les faits historiques sont réels. La partie romancée concerne l'histoire d'amour entre David et Lee et leurs états d'esprit, leurs pensées, mais aussi David Sherman lui-même... Les conditions étaient réunis pour que l'on vive une épopée haletante à travers l'Europe, entrecoupée par des flashbacks sur la vie hors norme de Lee Miller, partagée entre Paris, Londres, New York, l'Egypte, et qui cotoie Man Ray, Picasso, Max Ernst... Et bien que dalle ! Juste une description sans vie, sans couleur de l'avancée des jours et des troupes à travers l'Europe. Car Lee et David ne s'arrêteront malheureusement pas à Berlin et vont continuer dans l'Europe de l'est.


Le roman est ultra-documenté. Beaucoups de connaissances, de culture. En fait, que ça. Un enchainement d'anecdotes, de descritions. C'est froid, c'est pénible, c'est long. On sent que l'histoire va droit dans le mur, qu'il n'y aura pas de fin ou plutôt que la fin sera décevante. On s'englue dans les descriptions, dans les recoins des pensées de David Sherman. Voilà en quoi ce livre m'a déplu et pourquoi ce genre de livre m'énerve. L'impression laissée après la lecture est que Marc Lambron s'est bien amusé, qu'il a passé un bon moment à s'écouter narrer sa petite histoire sans aucune originalité, ni inspiration. C'est exactement ça. Il s'est écouté ecrire. Il a étalé au maximum sa culture ou son travail de recherche comme du beurre sur une biscotte.

Je reconnais tout de même que l'exercice était compliqué : le choix même de faire une "biographie romancée" est incompréhensible. Si on ne veut pas faire une biographie toute simple, pourquoi ne pas faire simplement un roman ? Pourquoi se mettre de telles contraintes dans les personnages, les lieux ?

L'achat de ce livre peut cependant être interessant pour celui qui veut tester sa volonté d'aller jusqu'au bout d'un roman pénible. Petite précision, ce roman a obtenu le prix Fémina en 1993. C'est à mourir de rire et ça confirme tout le bien que je pense des prix littéraires.

Aucun commentaire: