lundi 15 décembre 2008

"Le temps où nous chantions", de Richard Powers.

Encore une découverte, et de nouveau un cadeau de ma maman ( Depuis qu'elle est à la retraite, les rôles sont inversés, c'est elle qui me fait découvrir des livres ). Richard Powers est un écrivain américain né en 1957 dans l'Illinois. Il a commencer à publier en 1985. "Le temps où nous chantions" est son 8 ème roman, publié en 2003 aux États-Unis. Le deuxième, seulement, traduit en langue française.

"Le temps où nous chantions" est une grande fresque couvrant un demi-siècle de l'histoire américaine. Tout commence en 1939, lorsque Délia Daley et David Strom se rencontrent à un concert. Tout les oppose. Délia est une américaine noire et David un juif allemand fuyant le régime nazi à cause duquel toute sa famille a péri. Tout sauf la musique. Ils vont se marier et de leur union trois enfants naitront, Jonah, Joseph et Ruth.



Malgré le racisme ambiant très fort aux Etats-Unis, Delia et David vont essayer d'élever leur trois enfants métis en les protegeant du monde extérieur et en leur apprenant que leur couleur est un atout supplémentaire. Mais les trois enfants vont vite apprendre qu'ils ne sont pas comme les autres et que ni la communauté blanche, ni la communauté noire ne les accepte.

Les trois enfants sont des surdoués pour la musique. Jonah a une voix extraordinaire, Joseph développe des talents de pianiste et la petite Ruth sais lire des partitions avant de savoir lire. Le roman va retracer leur histoire, leurs trajectoires. Jonah se destine a une carrière de chanteur très prometteuse, Joseph va l'accompagner au piano quelques temps alors que la petite Ruth va incorporer les Black Panthers.


Le roman a un souffle incroyable. Parallèlement à la petite histoire des personnage, c'est la grande histoire des Etats-Unis et l'évolution des problèmes de racisme vis-à-vis de la communauté noire qui est développée. Il fait plus de 1000 pages ( mmmmh ! j'adore les pavés ! ). La documentation est énorme, et tout particulièrement à propos de la musique. C'est aussi à mon goût un des défauts du livre : c'est vraiment très pointu techniquement sur la musique et je pense que cela nuit au roman. Des pages entières sur des types de chants, ou des techniques de chant. Pour une fois, je pense que l'auteur aurait du alléger un peu cela. Ceci étant, on s'attache vraiment aux personnages. J'ai été assez surpris de voir que Richard Powers était blanc tant il decrit avec justesse les humiliations et les injustices subies par ses personnages noirs.

Ce roman est très ambitieux, très abouti, pas très évident d'accès. Peut-être l'œuvre d'un grand écrivain. Je reste juste un peu septique sur de grands passages très érudits sur la musique, la physique et les mystères du temps qui relèvent plus de l'essai que du roman, mais je lirai d'autres livres de cet auteur.

Je conseille à tous ceux qui n'auront pas peur de s'attaquer à un tel roman (par la taille) et qui s'interesse à l'histoire des Etats-unis de le lire. Aux autres, pourquoi ne pas plonger dans des livres de Philip Roth, Don DeLillo, Cormac McCarthy, ou dans "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" de Harper Lee.

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