mercredi 11 juin 2008

"The Salterton trilogy", Robertson Davies

Autant être franc avec vous, cette critique de livre sera complètement objective et favorable car nous voici en présence de mon auteur préféré : Robertson Davies. Voilà un des écrivains anglo-saxons ( Il est né dans l'Ontario, au Canada ) les plus fabuleux de son époque malgré la relative méconnaissance du public français pour son œuvre.
Issu d'un milieu aisé et culturellement supérieur, Robertson Davies portera beaucoup de casquettes : romancier, dramaturge, acteur, journaliste, rédacteur, éditeur, critique, essayiste, professeur. Ses romans reflètent sa vie et son parcours. Ils ont empreints d'érudition, d'humour et se déroulent dans des milieux qu'il a lui même côtoyés.


Il a publié onze romans réunis en quatre trilogies, chacun de ces romans pouvant être lu séparément et dans n'importe quel ordre sans aucun préjudice pour l'ensemble. Les petits malins auront remarqué que 4 X 3 = 12 et non pas 11. Hélas, sa dernière trilogie restera inachevée à la mort de Robertson en 1995 à la l'age de 82 ans.

"A Leaven Of Malice" est son deuxième roman, écrit en 1954 et fait partie de la trilogie de Salterton. Ce roman a été traduit en français par Colette Tonge sous le titre "un heureux canular" mais cette version est aujourd'hui quasiment introuvable. En tout cas, je l'ai cherchée un bon petit moment. Je me suis donc rabattu sur la version originale en anglais ( Glurps !). Je profite de cette parenthèse pour signaler que si quelqu'un possède la version française et qu'il ne sait pas qu'en faire, je suis preneur. 

Je suis bien conscient que peu de personnes seront intéressées par un livre à lire en version originale, et que le choix de parler de ce livre en particulier peu paraitre étrange mais j'espère surtout faire découvrir cet auteur. Je viens juste de lire "A leaven Of Malice", c'est pour cela que j'en fait la critique. Je parlerai de tous les autres livres de Robertson Davies, mais pour le faire correctement, je relirai chacun d'entre eux avant.

L'histoire de "A leaven of Malice" se déroule dans une petite ville tranquille et imaginaire du Canada, Salterton. Un matin, une annonce dans le journal local de Salterton, le « Bellman », fait état du mariage de deux jeunes tourtereaux de la ville. Rien de notable a priori, sauf que ce mariage est annoncé pour le 31 novembre ( novembre ne comportant généralement que trente jours ), et que les deux tourtereaux ( Solly Bridgewater et Pearl Vambrace ) sont les descendants de deux des plus anciennes familles de Salterton qui ont eu quelques contentieux entre elles depuis quelques générations. Petit détail également, Pearl et Solly n'ont jamais eu l'intention de se marier et les seules relations qu'il y a pu exister entre les deux, c'est d'avoir jouer dans la même pièce de théâtre quatre ans auparavant ( histoire de "Tempest-Tost", le premier roman de la trilogie de Salterton ).

A partir de cette petite annonce qui parait anodine, tout le petit monde très conservateur de Salterton va se retrouver tout chamboulé. Le papa de la « future mariée », l'honorable Professeur Vambrace, menace de porter plainte contre le journal pour diffamation, allant par la même occasion à l'encontre de l'avis de sa fille. Le journal, s'estimant également victime de cette plaisanterie, veut essayer de trouver l'auteur de celle-ci. L'éditeur du « Bellman », qui aspire a une distinction honorifique de la part de l'université de Salterton et à un peu de tranquillité voit ses ambitions menacées par cette affaire. Sa gouvernante, qui le poursuit assidument de ses avances amoureuses à peine déguisées jouera un rôle déterminant. Certaines personnes dérangeante de la ville vont être accusée d'avoir fait le coup. Et nos deux petits jeunes vont, pendant ce temps, sous prétexte de discuter des conséquences de cette affaire et des suites à donner, apprendre à se connaitre et à s'apprécier...

Le récit est pétillant et très agréable à lire. Comme dans tout ses romans, la culture et l'érudition sont omniprésentes. Il se passe dans un milieu que Robertson Davies connait bien puisque ses parents travaillaient tous les deux dans des journaux et que Robertson lui-même a fait une partie de sa carrière dans la presse également. Le langage est soutenu et l'humour sous-jacent. Un vrai bonheur, même si le fait d'avoir lu le livre en anglais m'a certainement privé de la compréhension de quelques traits d'ironie.

C'est en fait très difficile de faire passer à quelqu'un d'autre ce que l'on ressent pour un auteur que l'on adore. On a tout de suite l'impression d'être un supporter de base ou une groupie écervelée. Simplement, je suis un énorme lecteur ( 7 ou 8 gros romans par mois ) et Robertson Davies est ce que je connais de meilleur, de plus fin. Sans pour autant être trop difficile d'accès. Ses romans sont pleins de culture et de connaissances sans jamais devenir ésotériques et il s'en dégage toujours énormément d'humour et d'ironie sans jamais sombrer dans la farce ou le graveleux. Tout est une question de mesure et de finesse.

Pour des personnes qui souhaiteraient découvrir Robertson Davis, ses deux derniers romans ( "Fantômes & Compagnie" et "Le Maître Des Ruses") seraient peut-être le mieux car les plus actuels. Ils forment les deux premiers romans de la "Trilogie de Toronto", la trilogie inachevée. Je n'aime absolument pas détailler les œuvres d'un auteur et encore moins comparer celles-ci. Mais dans le soucis de donner un conseil le plus avisé possible, je pense que la "Trilogie des Cornish" ("Les Anges Rebelles", "Un Homme Remarquable" et "La Lyre d'Orphée") est un peu au-dessus du reste, avec une préférence pour "Un homme remarquable".

Dans la "Trilogie de Deptford" ( "Le cinquième Emploi", "Le Manticore" et "Le monde des merveilles") je conseillerais le premier roman, que l'on trouve également traduit en français avec un autre titre "L'Objet Du Scandale".
Amis lecteurs, je recommande très chaudement !!! Allez ! Lancez-vous, vous ne le regretterez pas. On découvre forcément Robertson Davies un peu par hasard car il n'est pas connu en France. Si je pouvais forcer un peu ce hasard...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour, je voulais vous féliciter pour votre blog, extrêmement intéressant,et aussi pour votre passion pour Robertson Davies, si méconnu en France. Merci de tenter de le faire découvrir à vos lecteurs, par vos différents articles. En ce qui me concerne, j'ai découvert par hasard le nom de cet auteur en Oct. 2010, en lisant "Monsieur Dick, ou le dixième livre" de Jean-Pierre Ohl ( Gallimard, 2004 ), qui cite son nom et deux de ses trilogies, page 165. Dommage que les autres titres inédits de cet auteur, ne soient pas traduits en français, et que "Un heureux canular" ne soit pas réédité par les Ed. de l'Olivier.
Bonne fin d'année à vous, et tous mes voeux pour 2013.
Laurent.