samedi 3 janvier 2009

"Si c'est un homme", de Primo Lévi.

Bon, là on sort un peu du cadre du roman mais on reste tout de même dans la littérature. Ça fait un moment que j'ai acheté ce livre et que je veux le lire, mais j'ai reculé souvent le moment car je savais que la lecture serait difficile.

Primo Levi est un chimiste italien né en 1919 à Turin, devenu écrivain après avoir été déporté à Auschwitz III. Écrire "Si c'est un homme" est pour lui une question de survie. Le livre est sorti en 1947 dans une toute petite maison d'édition. Il se vend à 1500 exemplaires seulement, et c'est en 1958, plus de dix ans après, lorsqu'une grande maison d'édition décide de publier "Si c'est un homme" que les ventes décollent enfin. Primo Lévi tient à superviser lui-même les traductions étrangères. Depuis lors, le livre n'arrêtera plus de se vendre énormément ( 29 ème place dans les ventes poches de la Fnac cette semaine. Pas sur que son presque homonyme Marc Levy vendra encore autant de ces livres dans 60 ans !!!).


"Si c'est un homme" est un témoignage fort, froid, terrifiant de l'année que Primo Lévi à passé à Monowitz, le camp des travailleurs rattaché à Auschwitz. Primo a écrit ce livre dans l'urgence, sans schéma ni préméditation. Juste la description de ses conditions atroces de détention. Il n'écrit pas pour cracher sa haine ou pour se venger. Il veut simplement que le monde sache... le dur labeur, la faim omni-présente organisée, les kapos, l'hygiène, l'humiliation permanente, le froid, le chaud, son incompréhension sur ce qui a pu pousser des hommes à en traiter d'autres de cette façon. Il décrit son état d'esprit et essaie d'analyser celui des codétenus les plus proches.


Si Primo Lévi à survécu, ce que très peu ont réussi à Auschwitz, c'est d'après lui un concours de circonstances. Tout d'abord une bonne santé, le fait que les allemands avaient de plus en plus besoin de main d'œuvre à la Buna, sa vague connaissance de la langue allemande, sa rencontre avec Lorenzo, son esprit d'organisation, d'initiative. Également parce qu'il n'a aucun espoir de s'échapper, de survivre et que son seul but chaque matin en se levant, c'est de ne pas se blesser, d'essayer de ne pas mourir de fatigue et de faim, et de parvenir jusqu'au soir pour pouvoir se reposer.

Je conseille à tout le monde de lire ce livre. C'est dur mais tellement enrichissant. Je m'interesse beaucoup à cette période de l'histoire et c'est le témoignage le plus fort que j'ai lu sur la déportation. Certains romans ont réussi à décrire l'horreur des camps, de la déportation, de la solution finale. Je pense notamment aux "Bienveillantes" de Jonathan Littel. Mais la différence essentiel avec le livre de Primo Lévi, c'est que les évènements ont été vécues par l'auteur et que celui-ci a l'intelligence de ne pas chercher à rendre le récit plus beau, plus laid, plus triste, plus grave que la réalité. Ce témoignage de Primo Lévi est glacial, dépassionné, sans complaisance pour lui-même.

J'ai lu que l'on retrouve "Si c'est un homme" de plus en plus souvent dans les programmes scolaires, et j'en suit très content. Primo lévi a fait des conférence toute sa vie autour de ce livre et il est a noter qu'un appendice a été rajouté à "Si c'est un homme" depuis 1976 dans lequel l'auteur répond aux questions qui lui ont été le plus souvent posées. Une sorte de FAQ avant l'heure. Qui complète admirablement bien le récit !

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