mardi 3 mars 2009

"Un homme presque parfait", de Richard Russo.

Encore une découverte chez 10/18 dans la collection "Domaine étranger", décidément une formidable source de bonnes surprises. Richard Russo est un écrivain américain né en 1949 dans l'état de New York. Titulaire d'un doctorat de philosophie et d'un Master of Fine Arts, il devient professeur de littérature avant de se consacrer exclusivement à l'écriture au milieu des années 80. "Un homme presque parfait" est son premier roman traduit en français. Il a été adapté au cinéma avec notamment dans les rôles principaux Paul Newman et Melany Griffith. Mais c'est avec son roman "Le déclin de l'empire Whiting" (2002), lauréat du prix Pulitzer, que Richard Russo commencera à se faire connaitre en France. Et c'est avec ce dernier que j'ai découvert cet auteur. Cet auteur malheureusement peu prolixe. Un livre tous les 5-6 ans, c'est pas tout à fait Balzac...


"Un homme presque parfait" raconte quelques jours de la vie de Donald Sullivan. "Sully" vit dans un petit village en pleine décrépitude du nord des États-unis, North Bath, ancienne ville de thermes prospère. Son quotidien, ses rencontres, ses petits boulots, ses malchances rythment ce roman. Chaque jour, il doit trouver du boulot, au noir pour ne pas pénaliser sa nième demande de pension d'invalidité. Il prends des nouvelles de sa vieille propriétaire qui a été sa professeur à l'école, il se coltine l'idiot du village qui estime être son meilleur ami, il évite son ex-femme, il fait un doigt d'honneur en passant devant son papa reposant au cimetière, il vole la déneigeuse de son patron occasionnel en flirtant avec sa femme et surtout, tout en étant bienveillant avec tout le monde, il s'attire les foudres d'une partie du village. Tout ça parce qu'il est assez mal à l'aise dès qu'il s'agit de parler sérieusement avec quelqu'un. Donc, il préfère prendre tout sur le ton de l'humour. Il ne peut s'empêcher de taquiner la plupart des habitants de North Bath. C'est un réflexe de défense car Sully est quelqu'un de profondément bon et humain. Une partie des habitants en a conscience, l'autre non. Mais tous le respectent.

Mais sa routine va être bouleversée par le retour de son fils en plein divorce et de son petit fils si attachant. Il avait réussi à ne pas se meler de l'éducation de son fils, de peur de reproduire ce que son père lui avait fait subir.


Bon, raconte comme ça, l'histoire n'a pas l'aire passionnante. Et bien détrompez-vous. Richard Russo est un conteur hors pair. L'important dans tous ses romans n'est pas l'histoire principale, quasi-inexistante, mais les petites histoires de ses personnages. Et les relations qu'ils ont les uns avec les autres. Chacun d'entre eux est particulièrement fouillé et attachant. Au bout de quelques dizaines de pages, on a l'impression de connaître les personnages à un point de pouvoir déduire à l'avance leurs réactions face aux évènements.


Comme dans tous ses romans, le temps avance lentement, les héros ont une vie banale, les lieux sont communs. Et pourtant l'humour est omniprésent. Dans ce roman, par le biais du personnage principal, Sully, qui a toujours un bon mot, ou une reflexion cinglante pour quelqu'un d'autre.

Au final, un bon gros paveton de presque 800 pages comme je les aime. C'est à mon avis son meilleur roman et je le conseille fortement à tous.

On a du mal à quitter le roman le soir quand les paupières deviennent lourdes. Les personnages sont très attachants. Il y a de multiples histoires, problèmes, relations entre eux et tout semble très bien huilé. Un roman qui a sans doute demandé un énorme travaille de préparation à son auteur. On sent que chaque détail à son importance.

Allez vite découvrir cet auteur, vous ne serez pas déçus. C'est un peu un mélange de Russel Banks pour l'ambiance, de John Irving pour le développement des personnages et William Boyd pour l'originalité des situations.

Encore un petit mot pour dire que la collection 10/18 Domaine Etranger propose vraiment un magnifique échantillon de ce qui se fait hors de nos frontières. Des auteur souvent peu connus et qui sont publiés bien souvent pour la première fois en France. Un choix certainement risqué qui justifie le prix un peu élevé des livres pour un format poche.

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