La première chose que je fais après avoir lu la dernière phrase d'un roman, c'est de noter sur la première page le mois et l'année de cette lecture. Alors que je relis assez souvent des romans que j'avais apprécié, quelle surprise de lire sur la première page d'"Une prière pour Owen" : 12/93. Presque vingt ans depuis ma dernière lecture de ce roman. Mais il y a une raison à cela. La fin de ce roman est tellement marquante que cela ne me disait rien de le relire alors que je me remémorais très précisément ce qu'il s'y passait dans les dernières pages. Mais je m'y suis tout de même replongé.
Je ne vous présente plus John Irving, je l'ai déjà fait plusieurs fois. Ce célèbre écrivain américain, quand il explique sa façon d'écrire, nous dit que lorsqu'il commence la rédaction d'un roman, il sait comment celui-ci finit exactement et même qu'il connait quasi-textuellement les dernières phrases de ce livre. Dans "Une prière pour Owen", on a la démonstration que c'est vrai. Tout le récit et le comportement des personnages sont dictés par la fin du roman.
Je m'explique : "Une prière pour Owen" est le récit de la vie d'Owen Meany, personnage fictif, fait par John Wheelwright. Tout le roman tourne autour d'Owen, un être surprenant, particulièrement petit et doté d'une voix extraordinaire. Owen a une personnalité très particulière et les autres ne peuvent s'empêcher de l'aimer et de le toucher. Mais le plus troublant avec Owen Meany est qu'il a des visions et qu'il est persuadé de connaitre la date et la raison de sa mort. Et donc il va organiser sa vie et par la même la vie de ses proches en fonction de ses visions. Et donc tout le roman découle de la fin de celui-ci, ce qui est un exercice particulièrement bien négocié par John Irving.
Mais alors que la fin est très marquante et que je n'aime pas mettre des extraits de livres sortis de leur contexte, je ne résiste pas à l'envie de citer le début du roman : "Si je suis condamné à me souvenir d’un garçon à la voix déglinguée, ce
n’est ni à cause de sa voix, ni parce qu’il fut l’être le plus petit que
j’ai connu, ni même parce qu’il fut l’instrument de la mort de ma mère.
C’est à lui que je dois de croire en Dieu." C'est ce que j'appelle une entrée remarquable.
Dans ce roman, John Wheelwright, le narrateur, aujourd'hui résidant canadien, se remémore son enfance et son adolescence avec Owen Meany, son meilleur ami qui va prendre un ascendant sur sa vie entière. John Irving nous peint une galerie de personnages et de situations les plus loufoques dont il a le secret. La grande histoire du roman est pleine des petites histoires des personnages. Ceux-ci, comme d'habitude, son dépeints avec tendresse et il nous sont tous attachants. C'est une des spécialités de John Irving. On a l'impression de connaitre ses personnages et de savoir presque à l'avance leur comportement face aux différentes situations.
Mais ce livre est aussi un des romans les plus politiques de John Irving, puisque son personnage narrateur, John Wheelwright fait des intermèdes dans le récit de sa jeunesse pour critiquer ouvertement la société américaine et notamment le comportement des États-Unis pendant la guerre du Viet Nam.
"Une prière pour Owen" est assurément une des œuvres majeures de John Irving. Publié en 1989, l'écrivain y démontre toute sa maitrise de l’écriture. Moins connu que "Le monde selon Garp" ou "L’œuvre de Dieu, la part du diable", il n'en est pas moins aussi bon. le livre n'est pas très dur d'accès. Je recommande à tous cette lecture.
1 commentaire:
Je suis complètement d'accord sur la maîtrise de l'écriture et si j'ai beaucoup aimé "Le monde selon Garp",celui-ci ,"une prière pour Owen" m'a particulièrement touchée ,et pourtant je ne suis pas croyante,plus de Owen sur Terre ferait du bien !Li faudra se contenter d'un seul Owen ,d'un seul John Irving !J'ai lu "Hotel New Hampshire quand j'avais 20 ans et depuis j'ai toujours trouvé J.I. à part dans la littérature .
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