dimanche 2 septembre 2012

"Un autre monde", de Barbara Kingsolver.

Peu connue en France, Barbara Kingsolver s'est petit à petit imposée comme une des écrivaines majeures de la littérature contemporaine américaine. Découverte par hasard à la lecture d'un blog, je me suis mis à lire fidèlement tous ses romans, toujours emprunts d'une morale écologique, de justice sociale et d'un respect pour les minorités.

Son dernier roman, publié en 2009 en VO sous le titre "The lacuna" a paru en France en 2010 sous le titre ridicule de "Un autre monde". Je suis souvent surpris (pour ne pas dire plus) des traductions des titres de livres mais là, c'est particulièrement affligeant puisque la lacune ( Lacuna ) a une importance déterminante à la fin du roman !

"Un autre monde" est un roman un peu différent des autres romans de Barbara Kingsolver  :


- Différent par le contenu, puisqu'il mêle des personnages réels et célèbres et des dersonnages de pure fiction. Ainsi le roman nous conte l'histoire de Harrison William Shepherd, un écrivain célèbre et discret. On le découvre à 12 ans au Mexique. De père américain, Harrison a suivi sa maman, revenue dans son pays d'origine où elle vit avec son amant. on y suit l'adolescence de Harrison puis sa découverte dans les années trente du couple ( bien réels, eux) Frida Kahlo-Diego Rivera, célèbres artistes peintres communistes méxicains. D'abord cuisinier à la maison bleue, puis secrétaire particulier, il devient une personne de confiance, notamment pour Frida Kahlo qui en fait son ami et son confident.

En 1937, Troski, vivant en exil depuis longtemps, débarque au Mexique où il obtient l'asile politique. Il est hébergé chez  Frida et Diego à la maison bleue. Harrison va alors partager la vie de cet homme hors du commun, cible de plusieurs tentatives d'assassinat.



On retrouve ensuite Harrison William Shepherd quelques années plus tard en Caroline du sud où il vit discrètement malgré un carrière d'écrivain connaissant le succès. Mais à la fin de la guerre, le maccartysme commence à faire des ravages et Harrison va être sommé d'expliquer son passé à la maison bleue...

- Différent également dans la forme. "Un autre monde" n'est pas un roman classique avec un narrateur. Harrison tient depuis qu'il est adolescent des carnets de bord : son journal intime en quelque sorte. Le roman est en faite la transposition de ces carnets, entrecoupés d'articles de journaux, de certaines correspondances de Harrison, notamment avec Frida. Cet ensemble de document est accompagné d'explications de Violet Brown, l'assistante de Harrison, à qui l'on doit le fait que ces carnets n'est pas été détruits.

La forme est donc très originale, surtout que certains carnets manquants jettent des zones d'ombre sur la vie de Shepherd.

Ce roman est donc très dru : une galerie de personnages hauts en couleurs, des périodes mouvementés et une grande maîtrise de Barbara Kingsolver à intégrer son personnages principal, fictif, à des personnages réels.

Le roman n'est pas forcément très simple d'accès et en repoussera peut-être plus d'un. Surtout que le début du livre n'est pas le plus intéressant mếme s'il nous permet d’intégrer ce qui a forgé le caractère de Harrison William Shepherd et surtout nous permet de boucler la boucle avec la fin du roman. Là-dessus, je ne peut pas en dire plus sans dévoiler la fin du roman mais c'est justement le clin d’œil final à un élément de son enfance qui me fait dire que la traduction du titre du roman est vraiment du crétinisme.

A vrai dire, je suis un peu partagé sur ce livre. Autant je suis surpris par le souffle du roman. On voit que Barbara Kingsolver a acquis beaucoup de maturité dans l'écriture. La plupart de ses romans précédents étaient très sympathiques, attachants et prenants. Avec "Un autre monde", Barbara prend vraiment une autre carrure au niveau de l'écriture et de l'ambition littéraire. Autant je trouve qu'il y a beaucoup de longueurs et de passages inutiles ou trop développés. 


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