lundi 3 septembre 2012

"Dans la foule", de Laurent Mauvignier.

Le Heysel. Ce seul nom rappellera à tout un chacun le drame survenu le 29 mai 1985. Le Heysel - aujourd'hui le stade Roi-Baudoin, à Bruxelles - a été le théâtre, lors de la finale de la coupe d'Europe des clubs champions opposant les anglais de Liverpool et les italiens de la Juventus de Turin, d'une tragédie mémorable. Avant le match, des supporters anglais, des hooligans et des supporters emportés par l'ambiance, donnent l'assaut des tribunes italiennes. L'enceinte de l'ouvrage est un vrai gruyère, des spectateurs réussissent à rentrer sans billet, les consignes de sécurité inexistantes et les forces de l'ordre ridiculement peu nombreuses. Les quelques murets et grillages de sécurité tombent et les italiens, bloqués (l'organisateur n'autorise pas l'ouverture des accès sur la pelouse) sont tabassés, écrasés par la bousculade. Le bilan est effroyable : 39 morts, pour la plupart italiens. Incroyable, le match sera tout de même joué, les organisateurs craignant que l'annulation n'empire les choses.


C'est dans ce cadre que Laurent Mauvignier a décidé de nous raconter l'histoire de Geof, Doug et Hughie Andrewson, des supporters Liverpuldiens, de Tania et Francesco, un couple qui vient de se marier et qui a reçu en cadeau de mariage un sésame pour la finale, de Gabriel et Virginie, qui viennent de se voir offrir par leurs amis  deux place pour le match et enfin Jeff et Tonio, qui ont déboulé à Bruxelles sans billet mais qui vont dérober ceux de de Gabriel et Virginie lors d'une soirée un peu arrosée dans un bar.

Ceux qui n'aiment pas le foot, ne vous inquiétez pas. On ne parle pas de foot dans ce roman. Bruxelles, le match, le drame ne sont que le cadre et l’atmosphère dans laquelle vont se mêler les destins de ces personnages. Le parti pris par Laurent Mauvignier est de ne pas parler football ou hooliganisme.


Le récit est à la première personne. Le narrateur est tour à tour chacun des personnages du roman. On est dans la tête des protagonistes et on suit le cours de leur pensée. Comme dans un roman de Joseph Connolly. Le récit est donc dans un style vif et moderne. On avance au rythme de la pensée des personnages. Des passages rapides, fulgurants, des passages où l'on navigue au gré des divagations, des passages hésitants, des phrases qui ne vont pas toujours au bout.

Ce style d'écriture, certes original a quelques défauts : on est parfois un peu perdu. On a du mal par moment à situer quel narrateur à la main et personnellement, j'ai eu beaucoup de mal à m'attacher aux personnages. La question que je me suis posée à la fin de la lecture était de savoir si j'aurai su de quoi l'on parlait si je n'avais pas vécu le drame du Heysel. Il n'y a aucune vue d'ensemble des évènements extérieurs aux personnages mais seulement le ressenti de ceux-ci face à ce qu'il leur arrive à titre individuel.

C'est le premier ouvrage que je lis de Laurent Mauvignier. Je l'avais coché dans ma pile de livres à lire à l'époque où il avait reçu le prix du roman Fnac. J'avoue avoir été plutôt déçu à sa lecture même si je reconnais  quelques passages très intéressants et un style original. Dans l'ensemble, je trouve l'histoire de ses personnages plutôt quelconque. Ce qui m'aurait rendu le tout intéressant aurait été l’intégration  des personnages dans le drame qui reste dans la mémoire collective de tout lecteur de plus de 35-36 ans. Mais les événements ne sont qu'à peine évoqués...

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