dimanche 4 août 2013

"Un roman américain", de Stephen L. Carter.

Voici un bon gros pavé de 800 pages comme je les aime. L'auteur, Stephen Carter est une découverte pour moi. Né en 1954 à Washington DC, il est professeur de droit à Yale, écrivain, essayiste, avocat et il participe à de nombreuses revues. Il a publié cinq romans qui ont rencontré le succès. Paru en 2008 aux États-Unis sous le titre "Palace Council", il a été traduit en français pour une parution début 2012. Je remarque encore en passant le titre ridiculement changé lors de la traduction. Stephen L.Carter a un site internet, uniquement en anglais ( traduire un bouquin de 800 pages, pas de problème. Mais un pauvre site de 10 pages, ça a l'air compliqué).

"Un roman américain" se déroule sur un vingtaine d'années. En 1952, sur l'île de Martha's Vineyard se déroule une réunion très spéciale. Vingt personnes, triées sur le volet, représentant l'élite du pouvoir et de la richesse mettent en place "Le projet". Ce projet a pour but de prendre le pouvoir à moyen terme.

Deux en plus tard, Eddie Wesley, un jeune écrivain au succès grandissant, rentre chez lui à Harlem après une soirée arrosée. En coupant à travers un parc, il butte sur un cadavre. En voulant s'assurer que le mort l'est bien ( mort !), il découvre dans la main de celui-ci une étrange croix de Saint-Pierre inversée. Il s'enfuit sans parler de sa découverte. Cette croix va devenir pour Eddie le début d'une invraisemblable quête.

Côtoyant les hommes de pouvoir, les politiques, les hommes d'affaires, les lobbyistes, les artistes de New-York, il découvre peu à peu des éléments troublants, mais sans connaître dans un premier temps l'ampleur du complot. Aurelia, la femme qu'il aime depuis toujours, mariée à un puissant homme d'affaire va elle aussi, de son coté faire d'étranges découvertes.Quant à Junie sa sœur, elle disparaît mystérieusement en compagnie d'une copine. Eddie va se lancer à la recherche de sa sœur, qui semble de plus en plus liée avec le Projet.

"Un roman américain" est un roman dru, dense, difficile. Il vaut mieux avoir quelques notions de l'histoire américaine des années 50 à 70. Car le livre mélange habilement les personnages de fiction aux personnages réels ( Nixon, les Kennedy, Hughes, Hoover...). L'intrigue est implacable et montée de main de maître. Malgré la complexité de l'histoire, de la difficulté d'intégrer tous ces personnages de fiction dans une Histoire réelle, on sent que le livre est incroyablement maîtrisé.


Le tout est merveilleusement documenté. Il faut dire que Carter est en terrain connu car il y a énormément d'éléments de sa vie personnelle dans ce livre ( les lieux, les études, sa carrière d'écrivain...). L'auteur nous entraîne dans cette communauté noire de Harlem durant une vingtaine d'années où l'histoire de l'amérique tient un rôle à part entière : la désegrégation la bataille pour les droits civiques, le Klan, la saga des Kennedy, la main mise de Hoover sur le renseignements, les émeutes, la guerre du Vietnam, le Watergate...

On pourra reprocher certainement à l'auteur quelques longueurs, quelques passages et personnages qui auraient pu ne pas exister... Mais cela fait partie de la mise dans l'ambiance. On peut aussi peut-être reprocher un style très sobre (trop sobre, voire une absence de style), admettons ! Mais ça n’entache pas le plaisir que j'ai eu à le lire. Je recommande vraiment ce roman, mais je pense qu'il ne conviendra forcément pas à ceux qui sont attirés par les thriller ou les polars habituellement. Car même si l'histoire est celle d'un complot, le but du livre n'est pas que la résolution de l'intrique, loin s'en faut.

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