vendredi 9 mai 2008

"Je te retrouverai", John Irving

La sortie d'un roman de John Irving est toujours un évènement. Il est actuellement avec Bret easton Ellis, Jim Harrison, Philip Roth, Don DeLillo, T.C Boyle et quelques autres un des maîtres de la littérature américaine. Cela fait plusieurs années que je lis avidement John Irving et que j'adore ses romans. Cet auteur a été révélé au grand public grâce à son roman "Le monde selon Garp", best-seller mondial dont un film avec Robin Williams a été tiré. Après quelques romans plutôt décevant comme "La veuve de papier" ou "La quatrième main", j'attendais avec impatience mais avec beaucoup d'inquiétude ce nouveau roman.

John Irving a mis sept ans pour ecrire "Je te retrouverai" ( "Untill I find you" en version originale ). Pendant ces sept ans il s'est interrompu pour écrire "la quatrième main".



Et l'on comprend tout de suite pourquoi il lui a fallu tant de temps pour terminer "Je te retrouverai" :
- tout d'abord de par la longueur du roman : 849 pages ! John Irving a souvent alterné des romans courts ( "liberté pour les ours", "un mariage poids moyen"...) et des romans assez longs ( "le monde selon Garp", "l'oeuvre de Dieu, la part du diable"...), mais celui-ci est un tiers plus long.
- Egalement parce que ce roman est certainement le plus autobiographique : dans ce roman, le "héros", Jack Burns est abusé sexuellement par une femme plus âgée que lui, évènement que John Irving a vécu dans son enfance. Jack Burns est à la recherche de son père : John Irving n'a jamais vu son père naturel mais récemment il l'a retrouvé.

Pour en revenir au roman, on retrouve les thème souvent abordé par John Irving : l'absence du père ( que John Irving a subie également ), la mère éduquant seule un enfant tant bien que mal, le héros qui pratique la lutte ( comme John Irving ), les difficultés des personnages principaux à avoir une vie sexuelle ou sentimentale "normale", la présence des prostituées ( que John Irving a beaucoup côtoyées lors de son séjour à Vienne en Autriche lorsqu'il était étudiant ), les relations quasi-incestueuses avec des filles plus grandes ou plus agées...
Comme souvent également dans ses grands romans, on suit la vie du personnage principal depuis sa plus jeune enfance.
L'ensemble donne un roman exceptionnel, des personnages très attachants.
A mon sens, ce roman est certainement le meilleur depuis "une prière pour Owen".
j'avais été très déçu par "La veuve de papier". "La quatrième main" m'avais laissé un goût d'inachevé et je ne sais que trop penser d"Un enfant de la balle" dans lequel John Irving s'essayait un peu au roman policier.





Avec "je te retrouverai", on renoue avec le John Irving des meilleurs époques.
Ce roman immense, qui ce lit très vite est, pour résumé, séparé en deux parties :
- la première partie pendant laquelle Jack Burns se fait une idée de son père absent d'après ce que sa mère lui dit de lui.
- la deuxième partie dans laquelle Jack Burns commence à comprendre que son père n'est pas forcément comme on le lui a décrit et qui va découvrir son vrai visage petit à petit.

Le roman se déroule dans plusieurs pays, on decouvre le monde du tatouage, des organistes.
La verve de John Irving est magique. Tous les personnages sont attachants. Beaucoup sont récurrents. Rien n'est laissé au hasard. Comme souvent dans les romans de John Irving, chaque personnage qui intervient à un moment donné a une influence plus tard dans le roman.
On reconnait bien la façon d'écrire de John Irving : comme il le dit lui-même : la plupart des écrivains commencent un roman sans en connaitre la fin. Lui connait la fin et même la dernière page avant d'avoir commencé à écrire.
Bref, je conseille vraiment ce roman à tout type de lecteur. Ne prenez surtout pas peur en voyant l'épaisseur du roman : à la fin on est déçu que cela s'arrête.

John Irving est né le 2 mars 1942 en Nouvelle Angleterre. Il publie son premier roman en 1968, "liberté pour les ours". Celui-ci et les deux suivants, "L'épopée du buveur d'eau" et "un mariage poids moyen" furent bien reçus par la critique mais ne trouvent pas leur public commercialement. John Irving ne vit pas encore de sa plume.
Le roman qui va faire de lui un écrivain mondialement reconnu est "le monde selon Garp", qu'il publie en 1978. Ce livre est un best-seller mondial et devient même un livre culte pour un grand nombre de lecteurs.
A partir de ce roman, tous ses livres vont devenir des best sellers. Il enchaine avec "L'hôtel New Hampshire" ( 1981 ), "L'œuvre de Dieu, la part du diable" ( 1985 ) et "Une prière pour Owen" ( 1989 ).
"Un enfant de la balle", publié en 1994 est un peu différent puisque John Irving insère une intrigue policière dedans. Il est plus difficile d'accès et laissera certains fans de John Irving un peu déboussolés.
"Une veuve de papier" (1998 ) et "La quatrième main" ( 2001 ) verront réapparaitre la verve de John Irving mais ils restent nettement en dessous des romans de la période 1978-1990.
Avec "Je te retrouverai", on retrouve le romancier des meilleures époques.

John Irving vit actuellement dans une immense ferme dans le Vermont et possède aussi un appartement à Toronto.

Ceux qui aiment John Irving aimeront surement T.C Boyle, Robertson Davies, David Lodge, Kate Atkinson, Barbara Kingsolver, William Boyd, Charles Dickens.

John Irving a maintenant un site officiel :  www.john-irving.com

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