samedi 17 mai 2008

"Les âmes grises", Philippe Claudel

Une vraie découverte. Je n'avais jamais lu Philippe Claudel avant ce roman. J'avais vu le film tiré du roman réalise par Yves Angelo en 2005 avec notamment Jean-Pïerre Marielle et Jacques Villeret. Film que j'avais bien aimé-sans plus. Mais les romans sont toujours plus intéressants que les films qui en sont tirés.

Un homme note, dans des cahiers, ce que sa mémoire veut bien laisser filtrer de l'hiver 1917, à quelques encablures du front, dans un village. une fillette de dix ans est retrouvée morte dans une rivière à l'aube d'une journée glaciale. L'enquête est menée par le juge Mierck, aux méthodes pour le moins effroyables. La période est troubles. De nombreux déserteurs se cachent aux abords du village. Il faut trouver un coupable au plus vite.



Le roman n'est absolument pas une enquête policière. Mais l'enquête est la trame de fond du roman, sa raison. C'est surtout une galeries de personnages sombres, gris, falots dans une toute petite ville de province : les notables pour qui la guerre n'a pas changé grand chose à leurs habitudes et au train-train de leur vie. Ils sont obtus, froids, désabusés, enfermés dans leur position sociale, leur posture. Et à l'opposé, les gens simples, ceux qui subissent la guerre, les pénuries, l'hiver rigoureux, ceux qui ont un coeur.

L'écriture est magnifique, très élégante. On descend lentement dans le cœur de cette ville, dans son âme. Chaque ligne est d'une beauté froide. Le titre du roman, son histoire, ses personnages, la période pendant laquelle cela se passe, les sentiments montrés : tout est terne, glacial. Philippe Claudel évite toutes les longueurs littéraires inutiles et nous livre un roman empreint de poésie. A lire absolument. Un livre qui pourrait rester...



Ce livre, paru en 2003 a été aussi bien reçu par le public que par la critique. Il sera récompensé par le prix Renaudot 2003, par le Prix des lectrices de Elle 2004 et a été élu meilleur livre de l'année 2003 par le magazine "Lire". Il figurait également parmi les finalistes du Goncourt et du prix Fémina.

Si vous avez aimé "Les âmes grises", je vous conseille "Tout ce que j'aimais" de Siri Hustvedt, les romans de Philiph Roth, de Russell Banks, d'Emile Zola (et oui, quand même) et de Houellebecq pour la noirceur.

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